L'histoire nous transporte aussitôt dans les grands thèmes du cinéma américain. C'est d'abord le souvenir de "No country for old men" qui vient à l'esprit, à la vue de Tommy Lee Jones, toujours porteur de son étoile de chérif. Ici, il mène de front deux enquêtes sans lien apparent : le meurtre d'une jeune prostituée et la découverte du cadavre d'un homme noir dans les marécages. Deux tableaux pour deux mondes et deux époques qui se croisent : la Louisiane d'aujourd'hui, minée par la mafia crapuleuse, et celle d'hier, tourmentée par le souvenir de la Grande Histoire et du racisme.Le liant, c'est l'atmosphère, brumeuse, putride et menaçante.
Mais très vite, l'intrigue est reléguée au second plan. Tavernier prend à bras le corps cette Louisiane de l'après Katrina pour en explorer l'ambiance fétide. Au coeur des marécages brumeux, les cadavres nauséabonds côtoient les apparitions fantomatiques d'un officier confédéré. Entre réalisme et hallucination, Tavernier filme la Louisiane dans sa profondeur, dans ses douleurs... Terriblement américain.
"Dans la brume électrique" est un film lent, soigné. Un polar qui ne fait pas frémir par son intrigue, sans grande originalité, mais par l'atmosphère qui l'envahit. Pesante, tourmentante, elle embrume l'esprit du personnage central, incarné avec une sombre intensité par Tomy Lee Jones. Le temps se dilate, mais finalement, les réponses émergeront en même temps que les souvenirs, tandis que la brume se lèvera, électrique.
Publié sur CritikArt.net
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire