Au départ, la photographie ne l’intéressait pas. Il s’empare de l’objectif pendant les premières barricades de la lutte contre l’apartheid. Son but : comprendre. « L’appareil photo était l’outil idéal pour transcender les frontières, pour voir ce qui se passait dans mon propre pays ». Très vite, il intègre le collectif de photographes engagés Afrapix .
Pour Tillim, le photojournalisme est un moyen de dépasser les préjugés raciaux instaurés par l’apartheid. Des images troublantes, superbes, justes. Au croisement du reportage et de la photo purement plasticienne. Son anticonformisme séduit. Son esthétique le distingue. Une ambiguïté manifeste que l’on retrouve dans les deux séries exposées à la Fondation Henri Cartier Bresson.
La série, « Jo’Burg » date de 2004. Le photographe pénètre les tours du centre de Johannesburg délaissées par la communauté blanche à la fin de l’apartheid.
Dans ces constructions insalubres et dévastées, il photographie la force de la vie, refaite comme il se doit.
On y vit entassé, dans le délabrement le plus total. Mais on y vit. Le photographe pénètre l’intimité des habitants pour en extraire des bribes du quotidien : une femme serrant son enfant, une cuisine de fortune presque trop bien rangée, une silhouette dans l’obscurité d’un couloir. Pour Tillim, il ne s’agit pas de montrer la misère d’un peuple victime de l’exclusion et de la guerre.
Ainsi, Guy Tillim use de son appareil photo comme d’un catalyseur. Il en a découvert les vertus avec le temps : « la photo offre la possibilité de changer le regard"
Le regard. Tout est là. La photographie resserre le cadre, réduit le champ visuel. Comme dans « Avenue Patrice Lumumba », lorsqu’il s’attache à l’architecture pour parler des faits sociaux.
La seconde série “Avenue Patrice Lumumba” est une errance à travers plusieurs pays : le Congo, le Mozambique, Madagascar, l’Angola… Dans un seul but : chercher à s’emparer de ce que les paysages recèlent, cette « identité indéniablement africaine ». Une rue déserte, des bureaux administratifs vacants, des statues mutilées.