mardi 16 février 2010

Livre: Maria Callas, Lettres d'amour par Renzo Allegri

En réunissant des dizaines de lettres de la Callas, envoyées à son ex-mari Battista Meneghini, le journaliste et écrivain italien Renzo Allegri entend renverser les codes de la biographie traditionnelle. Toutes dépeignent une femme tourmentée, portant les stigmates d'une passion destructrice avec Onassis, le fameux armateur grec. En bon professionnel, – c'est-à-dire preuves à l'appui – le journaliste renverse le propos dès les premières lignes. La chanteuse a connu le bonheur ; à 24 ans, fraîchement débarquée en Italie, elle rencontre l'homme qui lancera sa carrière. Il a 51 ans et pourrait être son père. Il sera "son cher amour", son mari, puis son agent pendant douze ans.
Rares sont les récits qui se concentrent sur les premières années de la diva. Mais Allegri est un privilégié. Après avoir rencontré la Callas il y a quelques années – l'anecdote vient légitimer l'ouvrage – il s'octroie les bons soins de Meneghini. L'homme lui confie son trésor précieusement conservé. Là, bien loin des scandales, la jeune femme se dessine sous la plume des sentiments. En tournée au Brésil, en Argentine ou au Mexique, elle écrit jusqu’à trois lettres par jour, véritables déversoirs d’une âme éprise d’art et d’amour. La clé du bonheur ? Sur ce point, le lecteur reste à convaincre. Car en versant dans le mélodrame, Maria se sent seule, triste et exige une vie à la pointe du perfectionnisme : "Le public m’applaudit mais à l’intérieur de moi je sais que je pourrais avoir fait beaucoup plus !"
Malheureusement, les lettres entièrement retranscrites sont souvent trop longues et répétitives. Elles restent sclérosées sous une cascade de sentiments finalement sans grand intérêt. Résultat : une inextricable envie de lire les textes en diagonale et de se concentrer sur le fil romanesque en incise, porté à bout de bras par un auteur qui, lui aussi, flirte avec la répétition. L’ouvrage aurait gagné à être plus court, plus déterminé, à l’image d’une Callas trépidante. On ne pourra négliger la valeur documentaire du projet. Il ne servira pourtant qu'à redorer le blason d'une légende.

Publié sur allomusic.com

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