Ainsi s'ouvre le spectacle, "pour qu'[on] sache dans quelles conditions [il] travaille". Terminées les parties de cache-cache derrière les micros de Radio-France, la scène est un déversoir où l'humoriste s'explique. On l'y retrouve grinçant, moqueur, vindicatif. "L'humour s'arrête là où la méchanceté commence" avait blâmé Dominique Strauss-Kahn, victime de sarcasmes sur ses frasques sexuelles. Les yeux rieurs, le sourcil levé, le chroniqueur au regard dubitatif s'en amuse: "alors il ne me reste plus rien!".
Guillon est un méchant. Ironique, corrosif, perturbateur, il se compalit à donner raison à ses accusateurs. Avec des reprises telles que sa chronique sur les jeux paralympiques, il remue le couteau dans la plaie. Le propos, alors mal perçu par une série d'auditeurs valides, fait ici l'honneur d'un homme tétraplégique qui, du coin de la salle, crie au bravo. Guillon a l'art de l'humour noir qui fait rire jaune. Politiquement in-correct, il ne veut épargner personne. Il embroche successivement Nicolas Sarkozy, DSK, Hortefeux, l'hypocrisie du riche ou le fatalisme du pauvre. Une palette qui ne saurait déplaire à un public conquis d'avance.
Mais la chronique est un jeu d'esprit hasardeux. Engluée dans la longueur du seul en scène, elle s'alourdit par instant et frôle l'essoufflement. Résultat: un spectacle qui n'est pas à la hauteur des interventions radiophoniques, plus nerveuses, plus enlevées. Reste le plaisir de quelques sketchs insistant sur la mise en scène (merci Muriel Cousin). Dans la peau d'un professeur d'histoire ou d'un gardien de prison, Guillon prend des chemins de traverse. Il contourne le champ politique - sans jamais le quitter des yeux - et bascule dans la critique déguisée, alors un peu plus à même de retenir un public pendant deux heures.
Publié sur CritikArt.net
1 commentaire:
J'aime beaucoup cet article, ta façon d'écrire. Bravo, et bonne continuation Lily, crois en toi...
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