Avec son livre Le Dernier verre, publié en novembre dernier, Olivier Ameisen, cardiologue, a lancé un pavé dans la mare des traitements contre l’alcoolisme. En affirmant que le baclofène, un relaxant musculaire, est à l’origine de sa guérison, il offre un nouvel espoir aux malades, mais doit aussi faire face à la défiance d'une partie du corps médical. Il revient sur son parcours de vie. Psychologies.com ouvre le débat.
Olivier Ameisen affirme être complètement guéri de sa dépendance à l’alcool. Après avoir tout essayé, des médicaments aux cures de désintoxication, ce cardiologue dit avoir vu sa vie bouleversée par un médicament, le baclofène, utilisé contre les spasmes musculaires. Il témoigne de cette expérience exceptionnelle qui pourrait, selon lui, déboucher sur un traitement possible de l’alcoolisme.
Psychologies.com: Comment avez-vous sombré dans l’alcoolisme ?
Olivier Ameisen: Mon problème était l’anxiété sociale. J’étais invité à des soirées, il y avait un piano – Olivier Ameisen est pianiste virtuose, ndlr - , on me demandait de jouer, on me parlait et je me suis rendu compte que j’avais des difficultés à nouer contact. Mais quand je prenais un verre de whisky, que je détestais, les choses se passaient mieux. Pour obtenir cet effet, au début il me fallait un verre, puis deux et ainsi de suite. La tolérance est l’un des premiers facteurs de l’alcoolisme.
Vous avez pourtant suivi des traitements contre l’anxiété…
Oui, mais cela ne m’a pas du tout aidé. Les médicaments avaient un effet relativement calmant mais ne m’aidaient pas en société, alors que l’alcool avait un effet euphorisant et désinhibiteur. J’étais mal alors je prenais un médicament. Mais j’étais moins anxieux, je n’allais pas forcément me sentir bien.
Et les thérapies ?
J’ai fait huit ans de psychothérapie, bien avant de sombrer dans l’alcoolisme. Psychanalyses freudiennes, hypnose, homéopathie, travail avec des psychopharmacologues et TCC (thérapie cognitive et comportementale)… Mais elles n'ont eu strictement aucun effet. J’ai compris que j’avais une anxiété chronique qui m’empêchait de me relaxer comme les autres. J’ai alors émis l’hypothèse – qui est bien reçue d’ailleurs – que j’avais un déficit biologique, peut être en GHB (gamma-hydroxybutirique), un sédatif naturel de l’organisme.
Peu à peu votre entourage a lâché prise. Que ressentiez-vous alors ?
Ma maladie était incompréhensible pour mon entourage. Mes séjours en cure étaient un succès mais je rechutais dès la sortie. Alors mes proches se sont détachés. C’est un sentiment extrêmement douloureux que j’appelle « la double peine » : vous avez d’un côté la maladie et de l’autre, vous êtes accusé d’en être responsable. L’alcoolisme est vu comme une maladie auto-infligée ce qui est faux. L’alcoolique ne boit pas pour se détruire mais pour aller bien. Chaque alcoolique aspire à aller mieux.
Vous avez été confronté à l’incompréhension de certains médecins. Quel est votre sentiment à l’égard du corps médical ?
Je leur disais que mon problème n’était pas l’alcool mais l’anxiété qui était là des années avant la dépendance. Ils me répondaient : « Arrêtez de boire et l’anxiété s’arrêtera ». C’était un dialogue de sourds. J’étais face à leur impuissance. Lorsque les médecins sont incapables de proposer un traitement efficace, ils ont une tendance classique à blâmer le patient. Dans les maladies où ils sont démunis, il y a un rejet. C’était le cas avec le cancer.
Lire la suite sur Psychologies.com
2 commentaires:
Un livre que je soupçonne très intéressant au vu du caractère étonnant de cette histoire...
Une entrevue intelligente, des questions pertinentes... j'aime ça !
Joyeux Noel !!!
bises
Arturo
www.lacoctelera.com/galeria59
Enregistrer un commentaire