mercredi 3 mars 2010

Musique: Carmen Maria Vega

L’histoire aurait pu être le livret d’un opéra de Bizet. Max, c’est l’homme à la guitare qui écrit des airs inspirés pour la belle Carmen. Sur les rythmes effrénés de son compositeur, la chanteuse tape du talon. Insolente, outragée, elle dégueule un vocabulaire provocateur sur un ton de charretier. Cette Carmen là joue la tourmente. Un mélodrame d’un nouveau genre, chanté Docs Martens aux pieds.


Tour à tour mythomane, alcoolo, dévastée par les médocs ou âme en peine, elle promène sa mauvaise conduite sur des textes acerbes et impudiques. La chanson est un rôle qui lui sied bien et pour cause : du haut de ses 7 ans, "Carmenita" faisait déjà la pantomime dans les cours de théâtre. Adolescente elle voulait devenir comédienne. Jusqu’à ce qu’un échec au concours d’art dramatique la conduise tout droit au fond d’un vieux rade lyonnais. Sur le chemin elle rencontre Max Lavegie, mi poète-mi musicien, futur partenaire de cordes avec qui la jeune femme écorchera les standards de jazz des cafés-concerts.


Mais un caractère bien trempé ne se contente pas de vieilles reprises. Max écrit alors La Menteuse, un texte dévastateur dont Carmen s’empare avec sensibilité. Et le public en redemande. Dans l’urgence, l'artiste sue sang et eau pour construire un répertoire écumé dans la France entière – une tournée de 200 dates et des tremplins comme Le Fair ou Les Chantiers des Francos. Sur scène, la chanteuse revêt un à un les différents personnages que Max a composé pour elle. Un duo délirant qui ne tarde pas à s’encanailler d’un contrebassiste, Alain Arnaudet, et d’un batteur, Toma Milteau, nouvelle recrue de 2009. Très vite, le groupe signe un contrat chez AZ et un premier opus voit le jour, enregistré sous la griffe de Vincent Carpentier, Fred Jaillard et Xavier Bussy, la fine équipe de "Comme un manouche sans guitare" de Thomas Dutronc.


Bercé par l'univers Sanseverino, l’album éponyme déverse ses histoires rudes, cinglantes mais toujours drôles, dans les bacs de l’automne 2009. Avec une verve vindicative et cruelle, d’inspiration punk et jazz manouche… Qui a dit que l’amour était enfant de bohême?


Publié sur Allomusic.com

Aucun commentaire: