lundi 26 avril 2010

Livre: Punk, Hors limites de Stephen Colegrave et Steve Sullivan

Pour faire un ouvrage sur le punk, il fallait taper fort. Une maquette renversante, des photos inédites et des anecdotes exclusives : Stephen Colegrave et Chris Sullivan ont visé grand. Tels de vrais fans, ils ont soutiré aux membres de groupes, photographes et propriétaires de clubs leurs souvenirs les plus intimes. En tout, ils sont une centaine à revisiter la révolution punk.


L'idée était bonne, mais de toute évidence un peu trop audacieuse. Car, si faire le livre de la génération punk en retraçant les années 1975-1979 est peut-être envisageable (cette période reste fondamentale dans l'émergence du mouvement anglo-saxon), il est inacceptable de se cantonner à l'aventure des Sex Pistols. Les influences de Malcolm McLaren, la création et l’apogée du groupe, la tournée Anarchy, le film The Great Rock'n'roll Swindle, l'incontournable boutique Sex sur Kings Road, tenue par McLaren et sa compagne, la styliste Vivienne Westwood, ou encore l’arrivée de Sid Vicious et la déchéance du groupe... Même les Clash, The Damned, Blanshees ou Siouxsie, voués à apparaître de-ci de-là, font pâle figure. Un parti pris qui, malgré l'actualité (voir notre chronique : Malcolm McLaren est mort), est plus que regrettable.


Quid des espoirs et revendications de l'esprit punk ? Ce n'est certainement pas en revisitant un groupe hurlant à la provocation et à la révolte interne que le lecteur répondra à cette question. Difficile de comprendre la portée du mouvement sans en explorer le contexte politico-culturel. Le risque étant de s’engluer dans l’image d’une attitude incoercible guidée par trois clichés : violence, sexe et drogue. Entre overdoses, coucheries et grosses bagarres, les auteurs ne dépassent aucun stéréotypes. Pire, ils finissent par les justifier. Le punk est consumé de l’intérieur, voué à l’autodestruction. Ainsi, la dissolution des Sex Pistols signerait-elle la fin d’un âge d’or ? Quelle tristesse de simplifier ainsi la richesse d’un univers. Cette génération punk, dont l’ouvrage ne livre que les racines putréfiées, a certainement bien plus de choses à dire qu’une nostalgie virant à l’amère exhortation des auteurs : "Nous espérons que le regain d’intérêt actuel pour le punk et la contribution de ce livre à ce phénomène inciteront les gens à contester le nouvel ordre établi et peut-être même les encourageront à concevoir des idées et des attitudes dérangeantes qui sauront arracher la génération précédente à son comportement mercantile. […] Vive le punk."

Un ouvrage bien tranché, on vous aura prévenu.


Publié sur AlloMusic.com

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