Un soir, il rencontre Gérard Louvin, le futur producteur de Sacrée Soirée et Les Années tubes. Les deux hommes passent un pacte : dans quelques années, Louvin produira l’album de Pagny. Mais le jeune homme est vite rattrapé par sa destinée. Alors barman dans une boîte de nuit parisienne branchée, il est repéré par Dominique Besnehar, directeur de casting qui cherche un personnage pour Diva, le prochain film de Jean-Jacques Beineix. Florent se voit déjà dans ce rôle sur mesure, celui d’un petit facteur fou d’opéra. C’est non. Mais le casting le révèle à Marceline Lenoir qui deviendra son agent exclusif. Sept ans plus tard, il rafle trois prix d’interprétation pour La Nuit du coucou de Michel Favard (1987).
La gloire donc. Oui mais voilà : Florent veut être chanteur. Il gagne la confiance de banquiers qui lui accordent un soutien financier suffisant pour lui permettre de composer son premier morceau, N’importe quoi, évidemment produit par Gérard Louvin.
Gérard a tenu parole. Florent, lui, ne va pas tenir sa langue. Son deuxième titre, Laissez-nous respirer (1988), s’adresse aux « faux » grands de ce monde et irrite la critique. Plus tard, dans Presse qui roule, extrait de son premier album Merci (1990), il dénonce les journalistes qui traquent à sa vie privée - avec Vanessa Paradis, rencontrée deux ans plus tôt. Une guerre est déclarée, dont Florent ne sortira pas indemne : les médias le boycottent pendant quatre ans. Des années difficiles, encore compliquées par une rupture et des soucis fiscaux. L’homme s’isole dans la cave de sa maison de banlieue. Il en sort avec un deuxième album au nom prometteur, Réaliste (1993).
Le chanteur a gagné en maturité et compte bien se refaire une santé. Son remède : la collaboration. Il va chercher la crème des crèmes, Jean-Jacques Goldman, qui compose pour lui trois titres phares : Si tu veux m’essayer, Loin et Est-ce que tu me suis ?. En 1994, l’album Rester vrai apporte un nouvel élan. Il s’accompagne d’une rencontre avec Azucera, argentine et artiste peintre, la future mère de ses deux enfants Inca et Ael. Florent oublie amertume et rancœurs, troque sa langue percutante pour des textes chaleureux. Pour preuve, les titres des nouveaux albums : Bienvenue chez moi (1995) et Savoir aimer (1997), écrit par Pascal Obispo. Désormais, Florent veut se faire l’interprète des autres compositeurs – RéCréation en 1999, Châtelet les Halles en 2000 – et va se livrer à une série de duos flamboyants avec Obispo (encore et toujours), Axel Bauer, Eddy Mitchell, Lara Fabian ou Calogero, réunis dans l’album 2 en 2001. Sa notoriété retrouvée, l'artiste ose un nouveau texte anticonformiste, Ma liberté de penser (Ailleurs land, 2003). Il y chante ses difficultés avec l'administration fiscale, qui l’a fait condamner à six mois de prison avec sursis et 15000 euros d’amende pour fraude.
Courage, fuyons… Il trouve sa liberté en Patagonie, région d’origine de sa femme. Depuis 2003, Florent cherche à élargir son univers musical. Alors que Baryton (2004) réunit les plus grands airs d’opéra, Abracadabra (2006) profite des prestigieuses collaborations de Gérard Manset et Christophe Miossec. Enfin il reprend les airs de Brel (Pagny chante Brel, 2007) avant de sortir son dernier album C’est comme ça, en mai 2009. Le chanteur y retrouve sa verve autobiographique et nous livre son bonheur argentin. Happy ending ?
Publié sur Allomusic
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