lundi 12 octobre 2009

Edition spéciale Prix des correspondants de guerre, Bayeux

L'indicible et l'inaudible quand on a vu la mort

interview vidéo de Jean-Paul Mari: http://bayeux.photojournalisme.fr/?p=23

Hier soir, sous le grand chapiteau de la place Gauquelin-Despallières, l’ambiance était presque monastique. Jean-Paul Mari nous présentait un sujet aussi tabou que douloureux : quels traumatismes la guerre peut-elle causer chez ceux qui la couvrent ?

A leur retour, on dit « qu’ils ne sont plus les mêmes ». Le regard vide, hantés par des cauchemars et des flash-back, ils sont absents. Morts. A l’intérieur, en tout cas. Le corps est là, « sans blessures apparentes ». Mais l’esprit ? Ces hommes et femmes reviennent du coeur de la terreur. Ils emportent avec eux une image, une odeur, un souvenir obsédant et ….. traumatisant : « L’image peut pénétrer dansle cerveau des hommes et le transpercer. En grec, trauma signifie « percer » » explique Jean-Paul Mari.
Le reporter a longuement étudié le sujet. Il a recueilli des témoignages, écouté les explications des psychiatres et des médecins. Pour un terrible constat : cet état est largement répandu et peut arriver à tout le monde. Il refuse de parler de maladie, de prédispositions psychologiques ou de folie. Il s’agit d’une blessure qu’il faut à tout prix panser.Pourtant, le traumatisme est indicible et inaudible. Tabou, même dans la profession. Résultat : l’individu s’enferme dans sa propre névrose et s’abandonne au sentiment d’exclusion.
Jean-Paul Mari est grand reporter au Nouvel Observateur depuis 25 ans. Il a couvert de nombreux conflits, vu des hommes et des femmes brisés par cette confrontation avec la mort. Soldats, mais aussi humanitaires et journalistes. Il a présentera son ouvrage « Sans blessures apparentes » (Ed. Robert Laffont) sur le Salon du livre du Prix-Bayeux-Calvados, et travaille actuellement sur un documentaire sur ce thème pour France 2.
vidéo et montage: Valerio Vincenzo
Publié sur l'Edition spéciale de photojournalisme.fr

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