Si les cordes d’Elvis Presley n’étaient pas venues lui chatouiller les tympans quand il était petit, Sammy Decoster aurait été garde forestier dans sa Normandie natale. Peu surprenant pour un homme qui ne peut composer sans Dame Nature à ses côtés. La solution : un malicieux partage entre la fac de géographie et la guitare. Jusqu’au jour où il croise la route d’Ultra Orange. Un peu de blabla, de la gratte, de l’alchimie et hop, emballé ! Le jeune premier devient le guitariste scénique du groupe. Parallèlement, il monte un trio au nom révélateur de Tornado. Car avec son minois d’enfant de chœur, Sammy est un faux-sage. Sa Licence de géo en poche, il décide de lâcher ses ambitions de gardien des bois pour pousser la chansonnette en solo. Mais rapidement, l’artiste se heurte à la réalité. Nous sommes en 2004 et le monde du disque déraille un peu. Le jeune homme décide d’attendre gentiment son heure. Pendant cinq ans, il travaille comme éducateur dans un foyer pour handicapés et malades mentaux, à Montfermeil.
Entre le foyer et les paysages bucoliques, il rêve d’un ailleurs. Direction le Grand Ouest et ses pick up dévalant la route 66 bordée de motels décatis. Au magnéto, Johnny Cash électrise l’ambiance. L’artiste trouve son univers musical outre-atlantique, dans les grands espaces peuplés de fantômes évanouis. Les pieds sur terre la tête dans les étoiles, il écrit et met en maquette ses premiers morceaux.
Son originalité le conduit tout droit chez Barclay. Sammy débarque à la maison de disques avec une première version de «Tucumcari», encore fébrile et incertain. Pour que l’album arrive à maturité, il s’entoure des musiciens de M83 et d'Arman Méliès. Un choix stratégique, quand on sait que ce dernier compte Yann Arnaud - collaborateur de Syd Matters entre autres - parmi ses producteurs. Réalisé à la fois à la maison et en studio, « Tucumcari » sort en janvier 2009, faisant de Sammy Decoster un nouveau maître de la verve musicale.
Habité par la tradition de la musique noire américaine, il jongle entre mélancolie et fièvre magnétique. Country, blues et rock endiablé se côtoient pour former une véritable palette musicale. Mieux, avec des textes intimistes et contemplatifs – en français, s’il vous plait ! – Sammy est un frenchy perdu entre deux rives. Ou presque. Car le chanteur ne quitterait son fief normand pour rien au monde. Il avoue même qu’à défaut de la musique, il travaillerait bien dans une ferme !
Publié sur AlloMusic
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