jeudi 10 septembre 2009

Visa pour l'image: Zalmaï, le coeur de l'Afghanistan

Dans son exposition Promesses et mensonges, le coût humain de la terreur, Zalmaï s’intéresse aux conséquences humaines de la guerre en Afghanistan. Ce matin, au Palais des congrès, le photographe a expliqué son projet.

Né à Kaboul, Zalmaï quitte l’Afghanistan en 1980 alors que les troupes russes envahissent le pays. Il y retourne 16 ans plus tard et retrouve un peuple abandonné aux mains de la guerre et de la terreur. L’histoire de cette population aurait été la sienne, s’il n’était pas parti.Dans le fond, ses images témoignent des conditions de survie de la population en terre afghane. Dans la forme, elles soulèvent une question beaucoup plus incisive sur le sens de l’information et du photojournalisme aujourd’hui.Le photographe a fait le choix de clichés en noir et blanc. Un caractère intemporel pour une situation qui s’enlise. En 2002, il avait fixé la joie et l’espoir de la population revenue d’Iran ou du Pakistan. Six ans plus tard, il apporte des images lentes et langoureuses, comme la vie de ces femmes au regard vide qui demeurent assises entre les pierres et les gravas.

Un jour, un homme lui demande pourquoi il le prend en photo. Le photographe répond qu’il veut être porteur de son message en faisant comprendre ce qu’il se passe en dehors des lignes de front. Il déplore l’aspect spectaculaire privilégié par les médias occidentaux. « Quand il y a des morts et du sang, je suis arrivé trop tard » affirme-t-il. Le problème est bien connu : on ne peut effectuer un bon reportage en étant seulement 3 jours sur le terrain. Argent et rapidité régissent le journalisme. C’est pourquoi Zalmaï conçoit son travail comme un sacrifice : « Il faut du temps pour entrer dans un sujet, du respect et de la persévérance. » Il se dit inquiet de l’avenir du photojournalisme guidé par des « news fast food ». Et son corolaire, les médias commettent des erreurs dans le choix des images. On ne s’intéresse pas aux raisons de la violence mais à ces effets. Alors, quand il décide de photographier des militaires, ceux-ci sont en repos, en vadrouille dans un camp de réfugiés ou en train de discuter avec un agriculteur. Tout est là. Les accusations du photographe à l’égard de l’Occident s’étendent aux responsabilités des Etats-Unis, de l’Angleterre ou de la France qui, pour répondre à des enjeux géopolitiques, entretiennent la situation.

Avec ses 46 clichés, Zalmaï espère une prise de conscience du grand public. Et si le parti-pris du photographe est évident, il a le mérite de soulever les bonnes questions.


Crédit photo: Wilfrid Estève

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