dimanche 13 septembre 2009

Sur le chemin de Visa: pédagogie et photojournalisme




Visa pour l’image ouvre ses portes aux scolaires. Cette année, nous avons suivi deux professeurs et leurs classes de 3e. Une manière de voir en quoi une pédagogie autour du photojournalisme permet une véritable ouverture sur le monde.
Pour les élèves du Collège Jean Moulin d’Arles sur Tech, la culture n’est pas une priorité. La majorité n’a jamais mis les pieds dans une exposition et l’actualité en général se résume aux résultats de l’Union Sportive Athlétique Perpignanaise – USAP. Selon Mme Paingault, ce qu’on peut pardonner à de jeunes ados est inacceptable pour de futurs citoyens. Ayant suivi une formation au CLEMI (Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information), cette professeure de français accorde une grande importance aux enjeux d’une image de presse.

Depuis plusieurs années, accompagnée de Mr Gorée, professeur d’Histoire, elle emmène ses classes de 3e à Visa pour l’image, point de départ d’une véritable démarche pédagogique. Ne bénéficiant d’aucun budget de l’Etat, les deux professeurs usent de leur enthousiasme pour mobiliser une participation du collège. L’établissement finance le transport en cars jusqu’au site. Pour le reste, les enseignants doivent compter sur leur énergie.

Ils travaillent en binôme dans un seul but : développer l’esprit critique de ces jeunes. Entre lecture d’images et interrogation sur l’actualité internationale, le photojournalisme devient un nouveau moteur d’éducation.
Un projet pédagogique en béton
Cette année, le programme de littérature est en partie basé sur l’engagement. Mme Paingault a décidé de développer ce thème en passant par le prisme de la photo et du photojournalisme : « on peut tout faire avec une image de presse, à la fois sur le plan didactique, discursif ou analytique ».

Elle envisage le photojournalisme comme un média d’utilité publique. Pour cette raison, son travail se déploie sur l’année entière, alla
nt de la prise de conscience à la mobilisation des élèves.
Photojournalisme et littérature
Tout commence avec une journée à Visa pour l’image. Là, les élèves ont deux heures pour parcourir le Couvent des Minimes à leur gré. Au préalable, ils ont choisi une exposition en fonction du sujet abordé par le photographe. Mais une fois sur place, l’émotion submerge la raison. C’est le cas de Delphine et Anaïs qui
sont saisies par le travail d’Eugene Richards. Au dernier moment les jeunes filles changent de sujet et se mettent à remplir la fiche d’analyse distribuée par la professeure.

Ce premier travail consiste à faire une lecture d’image selon différents repères tels que le titre, le thème, la légende, la couleur mais aussi le ressenti. Mme Paingault se concentre sur la subjectivité de chaque image et incite ses élèves à en avoir une lecture toute personnelle.

Mr Gorée, lui-même spécialisé en cinéma, les sensibilise à l’esthétique scénique d’une image. Il travaille sur une mise en parallèle des deux supports photo et cinématographique afin d’analyser le sens du cadrage par exemple.
Le but de cette première approche est de voir en quoi il existe un véritable langage photographique. En s’intéressant à une image de presse, les élèves doivent sortir du système narratif classique pour saisir les différentes formes d’argumentation. Comprendre et analyser l’engagement du photographe force les élèves à élargir leur vocabulaire et à développer un langage abstrait. L’image devient alors un objet littéraire qu’il s’agit de mettre en mots.
Photojournalisme et curiosité
Mais surtout, le photojournalisme est une ouverture sur le monde. Bien souvent, Visa pour l’image constitue un déclic pour les élèves qui se voient confrontés à une série d’images qu’ils n’ont pas l’habitude de voir. La surprise laisse place à la curiosité qui suscite l’intérêt. Ainsi peu à peu, ces jeunes sortent de leur microcosme et développent un nouveau rapport à l’actualité.

Mme Paingault encourage ce travail presque inconscient en créant des ateliers. Toutes les semaines, dix minutes de tribune libre incite un élève à faire partager son ressenti sur un évènement de l’actualité régionale, nationale ou internationale. Puis, par le biais de collages et de commentaires personnels, ils collectent les informations sur l’année 2009-2010 et constituent leur « Journal de bord des nouvelles du monde ». Ce travail sur l’actualité et le photojournalisme se poursuit avec la semaine de la presse. Là, ils créent un « mur d’images » sur un thème précis comme la représentation des femmes au travers de la publicité et du monde des images en général, par exemple.

Le photojournalisme pour de futurs citoyens du monde.
En plaçant le photojournalisme au centre de sa démarche pédagogique, Mme Paingault cherche à faire prendre conscience des images et de leur implication dans la société. Les élèves mesurent la force argumentative de certaines photos et apprennent ainsi à développer leur esprit critique. Ils saisissent l’engagement du photographe et apprennent à écouter les réactions de chacun face à un sujet d’actualité.
Parce qu’une image se joue de la subjectivité du photographe comme de celle du destinataire, ce média incite à la sensibilisation et à la tolérance. La professeure remarque les progrès effectués sur l’année scolaire. Entre les premières sensibilisations et l’intérêt manifeste à la fin de l’année, nos jeunes ados ont fait un pas dans la citoyenneté.





caméra / montage: Alain Lebacquer

Photos: Julien Cassagne avec iphone

Publié sur L'édition spéciale Visa pour l'image de Photojournalisme.fr

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