mercredi 3 mars 2010

Musique: Nancy Ajram

"Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître"… Celui d’un âge d’or version Jacques Martin et ses incontournables concours de chant. Celui enfin des dimanches après-midi chez mémé, bercés par des voix juvéniles qui s’égosillent sur des reprises de Sardou ou Kate Bush (oui, c’est dur…).


A une exception près : nous sommes au Liban, en 1991 – j’ai bien parlé d’âge d’or ! Les fidèles téléspectateurs s’enthousiasment alors pour la lauréate du prix Unicef Children’singing sur LBC TV. Son nom, Nancy Ajram, fait exploser les palmarès. Pendant quatre ans, elle rafle tous les concours qu'organise la télévision libanaise. Fier d’un tel succès, son papa lui offre les meilleurs professeurs de la place de Beyrouth. Pour une heureuse concrétisation en 1995, sur le plateau de l’émission Najoum Al-Mostakal (Etoiles du futur).

Terminés les concours de jeunesse : avec son premier album, "Muhtaghalak", produit par son père, Nancy entre dans la cour des grands. Nouveau parcours, nouvelle médiatisation, sur les chaines de clips cette fois. Son tube reste au top 1 pendant trois semaines et met la puce à l’oreille du Syndicat des artistes professionnels libanais. En coulisses comme sur les écrans, elle gagne la confiance de ses compatriotes, s’affirme et finit par imposer un nouveau style, mélange de pop et de musique traditionnelle. En 2003, son album "Ya Salam" marque le début d’une collaboration avec le producteur Gigi Lamaraet la célèbre réalisatrice Nadine Labaki qui dirige les tournages de ses clips.

Ainsi Nancy devient l'artiste la plus médiatisée du Moyen Orient. Elle est élue meilleure chanteuse arabe par le magazine Zakrat Al-Khajil en 2003 et 2004 et l’une des chanteuses les plus influentes du monde arabe par Newsweek en 2005. Après les écrans et les papiers glacés, elle est placardée au format publicitaire pour Coca-Cola, les bijoux Damas ou Sony Ericson, dont elle devient l’égérie.


Car en plus d’être talentueuse, la jeune femme est remarquablement belle. Et l’atout fait polémique : en misant sur la danse et la séduction, Nancy Ajram revendique l’usage du langage corporel. Cette vision, plébiscitée par un public avide d’un renversement des normes conservatrices et applaudie en tournée internationale, a suscité de vives réactions lors d’un concert au Koweït. Nancy s’est vu imposer une robe noire tombant jusqu’aux chevilles. De quoi renforcer une popularité déjà bien établie. Et ça, les médias l’ont bien compris !


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Musique: Jena Lee

En achetant un simple magnétophone et un logiciel de chansons, les parents de Sylvia Garcia n’imaginaient pas que le petit matériel ferait de leur fille une future chanteuse. D’ailleurs, avaient-ils réellement pensé qu’un jour, cette enfant de neuf mois adoptée au Chili, serait une jeune auteure, compositrice et interprète ?

Sans doute pas. Pour eux, la musique est d’abord une passion. Communicative. Très tôt, l'adolescente apprend à jouer des cordes vocales. Déterminée et imaginative, elle enregistre ses mélodies, reproduisant avec sa seule voix le son de multiples instruments. Ainsi émerge Banalités, un de ses morceaux de jeunesse qui attire l’attention de l’éditeur Vital Song.


Tout va trop vite pour les parents de Jena, qui gardent les pieds sur terre et reprennent un air connu : « Passe ton bac d’abord ! ». L'ado précoce obtempère. C'est donc en 2005 - et son diplôme en poche - que la chanteuse quitte sa petite ville d'Oloron Sainte-Marie pour la capitale.

Si Jena a le profil Popstars, c'est en passant par les coulisses de l'émission qu'elle marque ses premiers points. En effet en 2007, la production l'invite à participer à la création de l’album de Sheryfa Luna. Pour la jeune lauréate, elle compose cinq titres dont Quelque part et Comme avant, un duo avec Mathieu Edward.

Recherchée pour sa plume, Jena a pourtant un style bien à elle qu’elle compte explorer avec sa propre voix. C’est ainsi qu’en remportant l’Oxford Music Tour, elle réalise son premier concert à La Boule Noire. Confortée dans l’espoir d’une carrière solo, la chanteuse se présente au concours Urban Music Nation. Et c’est un nouveau succès. Du haut de la plus haute marche, elle signe un contrat chez Mercury/Universal. Son premier album, "Vous remercier" (2009) est accompagné de clips conçus sous la griffe du dessinateur chinois Benjamin. La jeune femme y est représentée dans un univers manga, signe annonciateur de son originalité. En image comme dans ses textes, Jena Lee est envahie d’une émotion navigant entre optimisme et nihilisme, une sorte d’espoir sombre propre à sa personnalité. Bercée par les airs de Justin Timberlake, Timbaland ou Linkin Park, elle invente le style « Emo r’n’b », une nouvelle verve musicale qui se chante avec le cœur.


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Musique: Akon

Quel serait le destin d’un enfant sénégalais, immigré aux Etats-Unis à l’âge de 7 ans, bad boy et voleur de voitures ? Compliqué, cela ne fait aucun doute. Imaginez maintenant que ce même enfant soit le fils de Mor Thiam, initié aux percussions dès l’enfance, féru de hip hop et de culture urbaine ?

L’histoire d’Aliaine Badara Thiam est surprenante, révoltante ou admirable. Elle est surtout la preuve que le déterminisme n’est pas une science exacte, et qu'il est toujours possible de croire en sa bonne étoile.


Côté pile, il y a la musique. Akon fait ses premiers pas au sein du collectifRefugees Allstar de Wyclef Jean et participe à l’album "The Score" des Fugees. Côté face, ce sera la prison. Une expérience curieusement salutaire : c’est sous les verrous que l’artiste compose ses premiers morceaux. Moments de réflexion et d’introspection : dès sa sortie, il se lance en solo. En un rien de temps, ses compositions déboulent sur le bureau de SRC/Universal et l’album "Trouble" (2004) voit le jour. Akon impose son style – mélange de hip hop, de groove et de soul – ainsi que ses coups durs, thème repris dans la plupart de ses textes. Avec "Konvict" (détenu) pour leitmotiv, le chanteur annonce la couleur d’un nouveau phénomène musical.

En seulement quatre ans et trois albums ("Konvicted" en 2006 et "Freedom" en 2008), il se révèle auteur, compositeur, interprète, producteur ET homme d’affaires !

Business, business… L’empire Akon se répand comme une coulée de lave. Grâce à son label Konvict Music, il collabore entre autres avec Snoop Dogg, Whitney Houston, Alicia Keys, Michaël Jackson – pour sa dernière apparition en 2008 – et se complaît dans le rôle du révélateur de jeunes talents. Outre-Atlantique, Akon est un musicien engagé et fidèle à ses origines. En créant son propre label Akon Live Afrik, il apporte à la scène sénégalaise de nouveaux moyens de diffusion. Il ouvre également Konfidence Foundation, une fondation pour enfants défavorisés d’Afrique. Pas de jaloux, les riches ont aussi leur part du gâteau: avec la création en 2007 de sa propre ligne de vêtements – Konvict Clothing – et d’une gamme de diamants, le chanteur élargit son champ d'action. Ne manque plus que le cinéma et le tour est joué! Après quelques apparitions sur le petit écran, il se lance dans la production de projets cinématographiques.


Une réhabilitation exemplaire, qui permet d'espérer que la prison peut mener à tout à condition d'en sortir.


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Quentin Mosimann

On n'imagine pas le pouvoir des peluches musicales. Du bout de la cordelette, les petites berceuses délivrent leur univers électrique. C'est la musique des marchands de rêves. Et Quentin Mosimann l'a bien compris. Très tôt, la musique lui est une seconde nature. A quatre ans, l'enfant réclame une batterie. A sept, ses parents lui offre un synthé. Alors évidemment, lorsque, à l’adolescence, il reçoit une magnifique sono flambant neuve, c’est tout un monde qui s’ouvre à lui. Dès le collège, il s’amuse à animer les soirées de Bogève, son village de Haute-Savoie... Avant de passer aux choses sérieuses.

Tout commence avec le Concours européen de la chanson française, à La Léchère en Savoie. Une première victoire l’incite à poursuivre l’aventure dans la ville de Valmorel, avec un jury professionnel cette fois. Et c’est un double succès, offrant l’occasion à Quentin d’enregistrer sa première maquette. Aussitôt, François Benheim, auteur-compositeur, est conquis par le talent du jeune novice. Il le prend sous son aile dans un seul but : l’aider à trouver le style musical qui lui convient vraiment.

Le jour, Quentin travaille sa technique. La nuit, il construit sa petite réputation de DJ – sous le nom de John Louly – dans une discothèque de Hyère (Savoie toujours). Jusqu'à ce que la Star Academy vienne lui changer la vie…

Souvenez-vous de cette trépidante finale 2008 opposant Mathieu, archi repêché par ses camarades, à Quentin, l'académicien original. Porté par son univers jazzy et électro, ce dernier est désigné vainqueur. Entre gloire et fortune, le jeune homme peut désormais sortir son premier single, une reprise du tube Cherchez le garçon de Taxi Girl en version swing et électro. L'artiste est une révélation pour les adeptes du dance floor qui se jettent sur son album "Duel" (2008), également composé de reprises des grands titres des années 80.

Copieur oui, imposteur certainement pas ! Quentin reçoit ainsi les honneurs des plus grands. Il chante en duo avec Peter Cincotti à l’Olympia, puis avec Paul Anka au Palais des Congrès de Paris. Surtout, c’est sur le plateau de la Star Ac’, son ancienne école, qu’il reçoit son premier disque d’or. Avec une musique qui repose sur des techniques de studio et des arrangements sophistiqués, ce nouveau geek se pose dans la droite ligne d’un David Guetta ou un Tocadisco. Alors, pour entrer dans la cour des grands, Quentin se lance enfin dans la composition de son premier album perso, "Exhibition" (2010). L’opus, victime du syndrome générationnel des amours sans lendemain, de la quête du prince charmant ou du besoin d’indépendance, trouve son public. Et dans le rôle du marchand de rêves, Quentin entend bien faire carrière!

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lundi 22 février 2010

Livre: Michael Jackson n'a jamais existé. Etude d'un mythe contemporain d'Amélie Dalmazzo

Michael Jackson n’a jamais existé. Voilà un scoop digne des unes de tabloïds. C'est pourtant sous la forme d'un ouvrage méthodique et analytique qu'Amélie Dalmazzo tape du point sur la table. Terminées les rumeurs douteuses ! Dans une version réduite (soyez rassurés) de sa thèse sur le charisme et les fans de Michael Jackson, cette docteur en Science de l’Information et de la Communication décrypte la vie artistique du roi de la pop. Le but : mettre à jour le processus de mythification dont le chanteur a été l’objet. Ou la victime ! Car de toute évidence, Michael Jackson ne serait rien sans ce que nous avons voulu faire de lui. L’analyse est convaincante, notamment dans la mise en lumière des logiques médiatiques instaurées autour du phénomène musical. Mais, et c’est déplorable, l’auteur bascule par instants dans une sorte de victimisation peu à propos.


Difficile pourtant de faire la part des choses. Parce qu’il est à la fois noir et blanc, adulte et enfant, réel et imaginaire, Michael Jackson est devenu le miroir de notre société et le réceptacle de ses plus hauts fantasmes. Mi-ange mi-diable, mi-King of pop mi Wacko Jacko, il fascine autant qu’il effraie. En cela réside la force de la mythification : l’artiste est l’incarnation de nos conflits internes. Engagé dans un processus d’identification, le public finira, selon une logique psychanalytique (merci Freud), par tuer symboliquement ce double imaginaire. Aussi, après avoir été encensé, le chanteur est-il devenu un monstre. Avec en creux une supposition beaucoup plus caustique : n’avons-nous pas réellement tué Michael Jackson ?

La question reste ouverte, même si Amélie Dalmazzo se garde de la mettre en mots. Car finalement, Michael Jackson n'a jamais existé est davantage le support d’une étude sur les rouages de la construction d’une légende. Il permet de comprendre les enjeux du star system avant d'explorer les travers et les mécanismes d'une société avide de médiatisation. Au lecteur donc de laisser ses états d’âme au vestiaire et de se concentrer sur ce qui fait l’intérêt, tant social que psychanalytique, d’un tel ouvrage.

Editions Jacob-Duvernet

Publié dans la rubrique Chroniques d'AlloMusic.com

mardi 16 février 2010

Musicien: Jean Corti

Ringard, désuet et tombé en décrépitude, l’accordéon en prend pour son grade au tribunal des instruments du XXIème siècle. De toute évidence, l’élément fétiche des guinguettes, musettes et autres "fêtes" ne fait plus rêver. A moins de se laisser conter une petite histoire.
Il était une fois un accordéon, propriété d’un voisin italien. « Tu le veux ? » s’amuse l’homme en le posant sur les genoux du jeune garçon qui le regarde inlassablement. Sans demander son reste, ce dernier s’enfuit. Un voleur d’accordéon ! Qu’à cela ne tienne, de retour chez lui, l’enfant commence à jouer. Comme ça, à l’oreille. Et c’est le coup de foudre.
Pendant 20 ans, Jean et son accordéon feront danser les villages à l’heure de l’apéro, les cabarets marseillais puis les dancings de la capitale. En 1960, Brel est séduit par ce musicien qui trimbale son instrument comme un morceau de vie. Ensemble et pendant six ans, ils composent Les bourgeois, Les Vieux,Titine ou encore Madeleine. Des succès nés d’une symbiose entre musicien et chanteur. Une relation musicale et amicale qui se termine quelques mois avant l’arrêt définitif de Brel, laissant Jean Corti face à son destin.
Car l’aventure Brel a fait des envieux. Successivement, l’artiste accompagne Brassens, Jo Privat, Armand Lassagne, Brabara, Michel Petrucciani, Alain Bashung ou Rita Mitsouko. Toujours caché derrière son instrument, Corti attise la curiosité des journalistes. Un jour, l’un d’entre eux l’invite à faire la première partie du concert des Têtes Raides. Séduit par l'univers de l’artiste, Christian Olivier lui propose une improvisation. Pourquoi pas. Ce groupe de rock indépendant bien rigolo est un coup de jeune pour l’accordéoniste. De leur côté, les chanteurs conquis par l’instrument décident d’en faire leur base rythmique. Et ça marche du feu de Dieu.
L’accordéon se fait dévoué, complice, sympathique. Son artisan toujours modeste. Et puis, sous la pression des Têtes Raides, Jean Corti se décide à sortir de l’ombre. En 2001, Couka, paru chez Mon slip, le joli petit label du groupe, est vendu à 20 000 exemplaires. Du jamais vu en matière d’accordéon. Dans Versatile son deuxième opus – 2007 – le musicien s’entoure des grands noms du jazz – Jean-Philippe Viret, Jean-Marie Ecay et Philippe Delestre – pour revisiter les plus beaux textes de sa génération avec au chant, les voix de Christian Olivier, Olivia Ruiz, Marc Perrone ou Félix Belleau.
Histoires d’amour avec son instrument et d’amitié avec les interprètes, Jean Corti confère à la musique une charge affective. "Fiorina", son dernier album le prouve, une œuvre hommage à tout un passé musical qui a parcouru les arts et les vies. Le passé d’un homme qui a grandi et vieilli un accordéon contre son cœur.

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Chanteur: PZK

Du rock acnéique, de la pop juvénile et de l’électro capricieux… La musique vivrait-elle ses années d’adolescence boiteuse ? Visiblement oui.
Tout commence par l’envie de former un groupe. D’abord parce que « faire de la zic » fait rêver les filles, ensuite parce c’est un formidable moyen d’expression personnelle. Et comme Hugo Jean Louis Baptiste Blondel– ce n’est que le premier – Mendji Tebades,Clément Simpelaere, Florent Pyndhea etAntoine Delbeare ont beaucoup de choses à dire, les cinq amis d’enfance ont décidé de se réunir pour mettre en chansons leurs galères d’ados. Pour crâner un peu tout en jouant les rigolos de service, rien ne vaut une série de surnoms très, comment dire, laconiques –JLB, OLF, KBC Matic – voire élémentaires –Djouzi Djouz, Baobab.
Le groupe se forme en 2006, entre les cours de lycée et les soirées beuveries. Et les filles, et les filles, voilà pour les thématiques. Certes, à 18 ans, Sagan écrivait son premier roman… Mais que voulez-vous, pas facile d’être un jeune de nos jours !
Même si finalement, le petit groupe a su frapper à la bonne porte. Après un buzz via le net avec des vidéos et des mixtapes, les garçons décident de confier leur titre Les filles adorent aux Freaks, les producteurs de Fatal Bazooka. Une bonne prod’ et le tour est joué : le morceau devient un tube de l’été 2009. Dans la foulée, PZK sort son premier album éponyme. L’anecdote ne dit pas si les filles ont succombé au charme des chanteurs. Le boulot, c’est le boulot : un deuxième album est en préparation. N’en déplaise aux Vieux, l’adolescence est une maladie qui passe.

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Livre: Maria Callas, Lettres d'amour par Renzo Allegri

En réunissant des dizaines de lettres de la Callas, envoyées à son ex-mari Battista Meneghini, le journaliste et écrivain italien Renzo Allegri entend renverser les codes de la biographie traditionnelle. Toutes dépeignent une femme tourmentée, portant les stigmates d'une passion destructrice avec Onassis, le fameux armateur grec. En bon professionnel, – c'est-à-dire preuves à l'appui – le journaliste renverse le propos dès les premières lignes. La chanteuse a connu le bonheur ; à 24 ans, fraîchement débarquée en Italie, elle rencontre l'homme qui lancera sa carrière. Il a 51 ans et pourrait être son père. Il sera "son cher amour", son mari, puis son agent pendant douze ans.
Rares sont les récits qui se concentrent sur les premières années de la diva. Mais Allegri est un privilégié. Après avoir rencontré la Callas il y a quelques années – l'anecdote vient légitimer l'ouvrage – il s'octroie les bons soins de Meneghini. L'homme lui confie son trésor précieusement conservé. Là, bien loin des scandales, la jeune femme se dessine sous la plume des sentiments. En tournée au Brésil, en Argentine ou au Mexique, elle écrit jusqu’à trois lettres par jour, véritables déversoirs d’une âme éprise d’art et d’amour. La clé du bonheur ? Sur ce point, le lecteur reste à convaincre. Car en versant dans le mélodrame, Maria se sent seule, triste et exige une vie à la pointe du perfectionnisme : "Le public m’applaudit mais à l’intérieur de moi je sais que je pourrais avoir fait beaucoup plus !"
Malheureusement, les lettres entièrement retranscrites sont souvent trop longues et répétitives. Elles restent sclérosées sous une cascade de sentiments finalement sans grand intérêt. Résultat : une inextricable envie de lire les textes en diagonale et de se concentrer sur le fil romanesque en incise, porté à bout de bras par un auteur qui, lui aussi, flirte avec la répétition. L’ouvrage aurait gagné à être plus court, plus déterminé, à l’image d’une Callas trépidante. On ne pourra négliger la valeur documentaire du projet. Il ne servira pourtant qu'à redorer le blason d'une légende.

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samedi 6 février 2010

Théâtre: Stéphane Guillon, Liberté surveillée

Stéphane Guillon a déboulé sur France Inter comme un chien dans un jeu de quilles. Après la télévision - 20h10 pétantes et Salut les terriens sur Canal+ - le cinéma et des apparitions auprès de Stéphane Bern dans Le fou du roi - France Inter - l'humoriste réunit aujourd'hui près de 2 millions d'auditeurs dans la matinale de Nicolas Demorand. "Viens, tu vas nous faire rigoler!" lui avait-on dit. Alors, pour la rigolade, Guillon s'est mis à labourer le champ politique en généreux détracteur. Depuis, l'humoriste est en liberté surveillée.

Ainsi s'ouvre le spectacle, "pour qu'[on] sache dans quelles conditions [il] travaille". Terminées les parties de cache-cache derrière les micros de Radio-France, la scène est un déversoir où l'humoriste s'explique. On l'y retrouve grinçant, moqueur, vindicatif. "L'humour s'arrête là où la méchanceté commence" avait blâmé Dominique Strauss-Kahn, victime de sarcasmes sur ses frasques sexuelles. Les yeux rieurs, le sourcil levé, le chroniqueur au regard dubitatif s'en amuse: "alors il ne me reste plus rien!".
Guillon est un méchant. Ironique, corrosif, perturbateur, il se compalit à donner raison à ses accusateurs. Avec des reprises telles que sa chronique sur les jeux paralympiques, il remue le couteau dans la plaie. Le propos, alors mal perçu par une série d'auditeurs valides, fait ici l'honneur d'un homme tétraplégique qui, du coin de la salle, crie au bravo. Guillon a l'art de l'humour noir qui fait rire jaune. Politiquement in-correct, il ne veut épargner personne. Il embroche successivement Nicolas Sarkozy, DSK, Hortefeux, l'hypocrisie du riche ou le fatalisme du pauvre. Une palette qui ne saurait déplaire à un public conquis d'avance.
Mais la chronique est un jeu d'esprit hasardeux. Engluée dans la longueur du seul en scène, elle s'alourdit par instant et frôle l'essoufflement. Résultat: un spectacle qui n'est pas à la hauteur des interventions radiophoniques, plus nerveuses, plus enlevées. Reste le plaisir de quelques sketchs insistant sur la mise en scène (merci Muriel Cousin). Dans la peau d'un professeur d'histoire ou d'un gardien de prison, Guillon prend des chemins de traverse. Il contourne le champ politique - sans jamais le quitter des yeux - et bascule dans la critique déguisée, alors un peu plus à même de retenir un public pendant deux heures.

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samedi 16 janvier 2010

Une belle victoire pour les photographes

En novembre dernier, la société Pierre Cardin Auction Art Rémy Le Fut & ssociés s'est vue retirer les tirages de presse d'une vente aux enchères pour le compte d'Hachette Italie et ce, sans l'accord des auteurs. Parmi eux: Gilles Caron, Annie Leibovitz, Robert Doisneau, Sebastiao Salgado et 17 photographes de l'Agence Magnum dont Abbas et Robert Capa. Ces tirages, différents de ceux réalisés dans le cadre d'une vente d'oeuvres originales, notamment par leur tonalité gris neutre et leur faible valeur, avaient été confiés aux rédactions afin d'établir un choix en vue d'une publication. Ils devaient ensuite être restitués à leurs auteurs. Les rédactions achètent alors un droit de reproduction n'impliquant pas la propriété matérielle des tirages et si les clichés sont souvent conservés - comme c'est ici le cas pendant plus de 30 ans - les éditeurs de presse ne doivent pas en changer la destination. Telle est la décision de la juge vers qui se sont tournées les organisations FreeLens, UPC, la Saif et l'Agence Magnum. Une victoire historique pour les photographes: face à la richesse des fonds photographiques des rédactions, cet évènement apporte enfin une reconnaissance juridique du droit d'auteur sur ce type de document.

Image: couverture du magazine Réponses Photo n°215. Crédit photo: Max Lamour

Paru dans Réponses photo, n°215 Février 2010 (p16)

vendredi 8 janvier 2010

Humanistic Report: Essaouira - Report Evasion


Célèbre pour sa plage, son architecture et sa diversité culturelle, Essaouira est devenue l'une des principales destinations touristiques du Maroc. Par-delà cette nouvelle carte postale, le photographe Hervé Caroff a su trouver la douceur d'une authenticité.

Essaouira est une récalcitrante. Construite au XVIIIème siècle selon un plan d'urbanisme français, la ville porte les stigmates d'années de commerce extérieur et de tourisme européen. Mais elle est née en terre marocaine, une empreinte indélébile pour un pays nourri par la tradition.

La ville et ses habitants sont restés authentiques. Ils ont su préserver leur patrimoine et leurs habitudes de vie qui semblent être restés à l'écart du grand tourisme et des différentes préoccupations du monde d'aujourd'hui.

Si le tourisme est l'une des principales sources de revenu pour les habitants, l'activité portuaire témoigne de la pérénité d'une pêche traditionnelle.


La criée s'effectue à même le sol sous l'ombrage des coques de bateaux en construction. Un rituel au décor gigantesque.

Le marché terminé, les viscères abandonés font le festin des oiseaux marins.


Plus loin, les hommes retournent à leurs occupations.


Dans l'ancienne médina inscrite au patrimoine de l'UNESCO, le souk libère ses accents marocains. Un caractère convivial propre au site. Ce dernier, à l'inverse des grandes villes marocaines, n'est pas voué qu'au tourisme et c'est là que son charme réside. Les promeneurs se mélangent rapidement à la population qui va bon train à ses préoccupations de la vie quotidienne.


De toute évidence, Essaouira est une ville aux mille couleurs qui s'admire en noir et blanc. Surprenant? Pas vraiment. Si les images renforcent le caractère intemporel, c'est pour mieux percevoir la douceur d'une visage buriné par le soleil. Ou encore ces enfants qui, confrontés au monde du travail, savent retrouver l'insouciance qui leur est due. dès qu'ils ont quitté leurs obligations, ils redeviennent ces enfants pleins de charme et de tendresse, réinventant des jeux que nous n'avons plus.

Et puis sans prévenir, la médina déverse ses remparts dans l'Océan, là où kitesurf et windsurf sillonnent les vagues sous le regard des autochtones. Terriblement anachronique.
Crédit photo: Hervé Caroff
Publié sur le webzine de HumanisticReport.com

dimanche 3 janvier 2010

Centre de bien être QEE - newsletter


Pilates, la star du moment


Avec une série d'exercices simples à pratiquer à même le sol, le pilates est une technique de gymnastique en profondeur qui corrige les asymétries corporelles.
L'idée: travailler les muscles posturaus tels que l'abdomen, les dorsaux et les fessiers afin de galber la silhouette et de prévenir des faiblesses chroniques dues à une mauvaise posture. Le tout accompagné d'une rythmique respiratoire permettant d'évacuer stress et petits tracas en une heure de bien être. Le pilates, à découvrir sur notre site.


Centre de bien être QEE


Pilates

Qu'est-ce que c'est?
Terminés les efforts d'endurance et les calculs de calories. Subtil mélange de gym et de yoga, le pilates nous rappelle que le sport passe d'abord par la prise de conscience et le contrôle de la fonction musculaire. En apprenant à solliciter les muscles faibles et à relâcher les régions tendues, il aide à corriger les asymétries physiques. Un véritable travail thérapeutique de plus en plus recommandé par le corps médical. Car en plus d'assurer un physique harmonieux, le pilates renforce la tonicité musculaire et prévient d'éventuelles douleurs chroniques comme le mal de dos.
Allez-y, vous pouvez souffler! Un cours de pilates est un moment privilégié pendant lequel vous pourrez respirer. Très proche du yoga sur l'importance accordée au souffle, il s'en différencie par la technique: la respiration ne s'effectue pas par le ventre mais par la cage thoracique. Les abdominaux, centre d el'énergie, restent toujours contractés. Résultat, le pilates sollicite la concentration qui, en associant physique et respiration, est un excellent libérateur de stress.
Comment ça se passe?
Le principe est simple. Au sol, sur un matelas, une série d'exercices insistent sur les muscles profonds, ceux qui définissent le maintien de la silhouette. Abdos, fessiers et dorsaux sont constamment sollicités. Ainsi, avec des techniques travaillant une seule partie du corps (isolation), le centre de gravité et le ressenti, le pilates améliore les performances physiques, la soulesse et la mobilité articulaire.
Mais attention, ici, labeur rime avec douceur. Pas de travail en force ni de prise de risque, les exercices s'effectuent selon un principe régulateur: la respiration.

Publié sur Qee.fr

vendredi 27 novembre 2009

Théâtre: Zorro, le Musical

Deux anecdotes, au hasard. D'abord, le héros doit son nom aux habitants du pueblo de Los Angeles qui le baptisent ainsi après avoir été sauvés d'une pendaison. Ensuite, sachez que Zorro aurait préféré avoir une cape rouge. Et ce n'est pas une blague. Sur une libre adaptation du roman d'Isabel Allende, la nouvelle comédie musicale nous ramène aux origines de la légende du vengueur masqué, où l'on découvre un personnage enfantin, davantage burlesque que charismatique. Mais héros tout de même. Car reconnaissons-le, s'attaquer à Zorro n'est pas chose aisée. Outre la légende aseptisée dont il fait l'objet, le personnage semble avoir perdu de sa fraicheur et l'on oscille bien souvent entre enthousiame et déception.
Mais il y a un remède: la musique, avec un tube, "Bamboleo", des Gipsy King, revisité sous la conduite d'un orchestre présent sur scène. C'est un atout majeur. Dans un esprit gitan et terriblement envoutant, "Zorro le musical" joue la carte de la séduction. Côté prestations: des cascades, des combats d'épée, des tours d'illusion et surtout, des chorégraphies aux accents espagnols signées Rafael Amargo, chorégraphe de renommée internationale. Tout y est, sans oublier l'incontournable boutique souvenirs dressée dans le hall d'entrée. Alors, Zorro, prouesse artistique ou objet commercial? La question est légitime. C'est le tribut des grosses productions.
Des affiches, un clip vidéo, un album: impossible d'échapper à la campagne de promotion de la comédie musicale. Produite par le groupe international Stage Entertainment - investigateur des succès du Roi Lion et de Cabaret - elle nous vient tout droit de Grande-Bretagne. On s'en serait douté, aux vues des moyens déployés.
Spectacle grand public, ce Zorro est avant tout un vivier de jeunes talents: Laurent Ban (Diego de la Vega, Zorro), Liza Pasto( Luisa), Géraldine Larrosa (Inez), et l'ensemble, avec entre autres Léovanie Raud, Eric Jetner et Angèle Humeau. Sous les claquettes du flamenco ou dans l'art des vocalises, tous s'exécutent avec leurs tripes. Au-delà des couleurs chatoyantes et de la magie de la scène, ils savent rappeler la pureté d'une émotion. Et nous offrir un spectacle d'ores et déjà annoncé comme un succès.


Publié sur CritikArt.net