vendredi 27 novembre 2009
Théâtre: Zorro, le Musical
mardi 24 novembre 2009
No more Bhopals de Micha Patault
Il est témoignages qui s'abîment dans le silence et des silences qui sont témoignages. Bhopal est l'un d'eux. Un lieu où les fantômes des corps fuyant les gaz habitent les rues nocturnes. Des images infernales qui transposent dans le présent cette nuit de décembre 1984. L'ouvrage travaille une temporalité déployée sur trois chapitres: la tragédie passée, les conséquences d'une eau contaminée et la lutte activiste. Tout à la fois passé-présent-futur, Bhopal est finalement un lieu où le temps s'est arrêté.
Redonner vie à Bhopal est le sujet du troisième chapitre "Bhopal en marche", ajouté en 2008. Face à la frilosité du gouvernement indien qui, craignant de perdre son plus gros investisseur - les Etats-Unis - se garde de pointer toute responsabilité, les organisatons activistes ont décidé de faire pression. Leur campagne réclame la mise en place d'un plan de nettoyage et le respect du principe pollueur/payeur. A son tour, Micha a eu envie de s'impliquer. Avec les photographes Stéphane Bouillet et Kostas Pliakos, il a monté Bhopal XXV à l'occasion du 25ème anniversaire de la catastrophe. Par la mise en ligne d'une photo par jour pendant un mois, le projet rappelle la gravité de la situation. Egalement à leur initiative: des cartes postales à envoyer au directeur de Union Carbide invitent à soutenir le mouvement.
No more Bhopal est un ouvrage simple, extrêment construit, sans emphase. Pour Micha, il est surtout une succession de rencontres. La plus belle d'entre elles s'appelle Sarmil, 6 ans, aveugle depuis la naissance. La fillette maintient toujours les yeux fermés. Jusqu'à ce moment magique où, blottie contre sa mère, elle ouvre l'oeil. Micha saisit l'instant comme un cadeau. La photo, symbole d'une tendresse toute douloureuse, est devenue le support de communication de la campagne de sensibilisation de Bhopal.
samedi 14 novembre 2009
samedi 31 octobre 2009
Livre: Kata Sutra, la vérité crue sur la vie sexuelle des filles - Nadia Daam, Emma Defaud, Titiou lecoq, Johana Sabroux, Elizabeth Philippe
Au risque de décevoir les esprits lubriques, Kata Sutra n'est pas un énième scénario catastrophe du Kama Sutra. Parce que la vie sexuelle des filles ne s'apprend pas dans un livre de positions, ici le mot d'ordre est simple : dire la vérité toute la vérité. L'essentiel étant de parler d'un nous, les femmes, et d'une réalité, la sexualité.
Après l'anticonformisme de "Mauvaises mères" (éd. Jacob Duvernet, 2008) Johana Sabroux, Nadia Daam et Emma Defaud s'attaquent à la stigmatisation d'une sexualité épanouie. Ajoutées de deux consoeurs, elles troquent leur langue de bois et se racontent avec humour, dans un style enlevé et intimiste. Dernier acte de séduction proprement féminin.
mercredi 21 octobre 2009
Edition spéciale Prix des correspondants de guerre, Bayeux
Alain Mingam : la vérité au-delà de la manipulation
Vidéo à voir sur: http://bayeux.photojournalisme.fr/?p=125
Alain Mingam revient sur ce qu’il appelle les qualités et les défauts du photojournalisme. Les dangers de la manipulation nuisent à l’image de marque du photojournalisme, dont l’essence même est de dire la vérité. Si l’exposition Guerre ici de Patrick Chauvel est basée sur des images retouchées, cette retouche est préalablement déclarée, et n’a pour but que de souligner la réalité des images d’origine.
Une presse qui se clone elle-même
Vidéo à voir sur: http://bayeux.photojournalisme.fr/?p=130
Face à cette presse en retrait, qui ne s’investit plus au côté de la production des sujets, Alain Mingam voit se dessiner un espoir dans les recherches de la « presse citoyenne » et le succès des festivals, qui prennent le relais pour répondre aux attentes du public. Il pense qu’il faudra trouver une nouvelle presse, qui saura soutenir les photojournalistes, qui « continuent à produire envers et contre tout ». A l’heure où des agences comme Gamma sont en grande difficulté, le problème pour lui ne vient pas de la production, mais de l’exploitation des images que fait la presse d’aujourd’hui.
La force de la photographie et l’importance du contenu
Vidéo à voir sur: http://bayeux.photojournalisme.fr/?p=134
Alain Mingam reste optimiste quant à l’avenir du photojournalisme. Sa tradition, alliant force de l’image et qualité de contenu, est son principal atout. Si l’on assiste aujourd’hui à un « tsunami d’images » et à un changement de nature et de support de diffusion de celles-ci, cela ne fait qu’encourager le besoin de qualité. Or, apporter la qualité, n’est-ce pas le travail du photographe professionnel justement.
Nouveau type de photo pour « nouveaux tuyaux »
Vidéo à voir sur: http://bayeux.photojournalisme.fr/?p=138
Pour Alain Mingam, le succès des « nouveaux médias », tout comme celui des festivals, favorisent aujourd’hui l’émergence d’un nouveau type de photographie, plus axé vers une rencontre directe avec le public.
Vidéo et montage: Valerio Vincenzo
Publié sur l'Edition spéciale Prix Bayeux de Photojournalisme.fr
Edition spéciale Prix des correspondants de guerre, Bayeux
L’exil ou la mort, les difficultés d’un journaliste local
Vidéo à voir sur: http://bayeux.photojournalisme.fr/?p=121
Déo Namujimbo est journaliste indépendant en République Démocratique du Congo et correspondant de Reporters Sans Frontières sur place. Obligé de fuir son pays, il vient d’obtenir le statut de réfugié en France. Il nous confie que ses écrits « ne plaisaient pas aux autorités et aux militaires » de son pays, et qu’après avoir échappé plusieurs fois à la mort, il a préféré ne plus faire courir de risques à sa famille. Son frère, journaliste lui aussi, a été assassiné l’an dernier…
Lui qui ne peut plus travailler dans son propre pays, trouve important que des journalistes occidentaux viennent couvrir ce qui se passe chez lui. Il pense cependant que ce mode de couverture doit respecter certaines conditions, gages de qualité.
Vidéo et montage: Valerio Vincenzo
Publié sur l'Edition spéciale du Prix Bayeux de Photojournalisme.fr
lundi 12 octobre 2009
Edition spéciale Prix des correspondants de guerre, Bayeux
interview vidéo de Jean-Paul Mari: http://bayeux.photojournalisme.fr/?p=23
A leur retour, on dit « qu’ils ne sont plus les mêmes ». Le regard vide, hantés par des cauchemars et des flash-back, ils sont absents. Morts. A l’intérieur, en tout cas. Le corps est là, « sans blessures apparentes ». Mais l’esprit ? Ces hommes et femmes reviennent du coeur de la terreur. Ils emportent avec eux une image, une odeur, un souvenir obsédant et ….. traumatisant : « L’image peut pénétrer dansle cerveau des hommes et le transpercer. En grec, trauma signifie « percer » » explique Jean-Paul Mari.
Edition spéciale Prix des correspondants de guerre, Bayeux
Patrick Chauvel et l'économie de guerre
Face à notre caméra, Patrick Chauvel nous livre sa vision du photojournalisme aujourd’hui. Comment le métier de correspondant de guerre a-t-il évolué ? Comment les médias français rendent-ils compte des conflits ? Le reporter parle de la guerre tant sur les lignes de front qu’au niveau géopolitique.
Pour voir l'interview vidéo: http://bayeux.photojournalisme.fr/?p=11
Patrick Chauvel: travailler ensemble et rappeler la réalité
En tant que Président du jury, Patrick Chauvel est porteur d’un message. A Bayeux il nous livre également son expo Guerre ici, en germe depuis plus de dix ans.
Pour voir l'interview vidéo: http://bayeux.photojournalisme.fr/?p=15
Patrick Chauvel: ne pas confondre showbiz et journalisme
Les conseils de Patrick Chauvel à un jeune reporter prêt à couvrir une zone de conflits. Un engagement au-delà du « Moi Je »…
Pour voir l'interview vidéo: http://bayeux.photojournalisme.fr/?p=19
vidéo et montage: Valerio Vincenzo
Publié sur l'Edition spéciale de photojournalisme.fr
Edition spéciale Prix des correspondants de guerre, Bayeux
Samedi, le jury public se réunissait au côté du jury officiel, pour désigner le lauréat du Prix du Public dans la catégorie Photo. Le reportage Trouble au Congo, de Jérôme Delay (AP), était récompensé lors de la soirée de clôture…
Pour une grande partie du public, participer au jury du Prix qui leur est consacré est une continuité logique. D’abord fidèles spectateurs des Soirées, ils envisagent le passage au vote comme un engagement. Certains participent pour la première fois. D’autres ne comptent plus les années. Tous se félicitent d’une chose : ils peuvent prouver leur intérêt pour les reportages de guerre et s’impliquer dans une nomination. Parce que « le public aussi a son mot à dire », beaucoup sont venus s’inscrire dès l’ouverture des listes annoncée dans le journal local. « Bayeux organise un Prix du public et on en est ravi. Nous sommes les lecteurs, ceux à qui ces images sont destinées. C’est important qu’on donne notre avis ».
Une sélection basée sur l’émotion
Dans la salle de conférence de la Halle aux grains, la concentration bat son plein. Les reportages se succèdent, entrecoupés de quelques minutes de prise de notes. On échange, on feuillette. Mais déjà le noir retombe sur les sièges : « On n’a malheureusement pas assez de temps pour réfléchir à chaque sujet. On les découvre au dernier moment et on peut à peine lire les explications sur la situation. Du coup, c’est l’émotion qui prime ». Là est la force d’un public non spécialiste. Il fonctionne au coup de coeur et contraste avec les arguments du jury professionnel. Les pros jugent la qualité globale du sujet, la construction des images et le récit qui en est fait. Le quidam apprécie la prise de risque, ce que le sujet lui apprend et l’esthétique d’une image qui permet d’explorer la sensibilité du photographe. Miser sur le ressenti est un atout. Qui révèle un autre type de problème : « on réalise qu’on n’a pas d’éducation à l’image. Parfois, je ne vois pas que les images sont organisées et racontent une histoire. Le jury professionnel nous enseigne ce genre de chose. C’est bien. »
Réunir les deux jurys est constructif car comme toujours, on a tout à apprendre des remarques d’autrui. Les échanges sont certes un peu timides mais révèlent l’intérêt manifeste du public pour les conditions intrinsèques à la guerre. « On n’a ni envie ni besoin de voir une quantité d’hémoglobine. On est davantage intéressés par la vie des populations ou les sujets sur les enfants par exemple. Ils constituent l’avenir de ces pays. » La guerre ne se montre pas seulement par la violence qui peut même être perçue comme une agression : « trop de violence dévie le sens du propos. Le but d’un reportage est de montrer la réalité des choses sans qu’on ait à détourner le regard. » Mieux, un public averti préfère intellectualiser certaines scènes : « à travers la photo d’un immeuble détruit, on imagine les morts et les victimes. C’est aussi ça, regarder une image ». Et en redemande, l’année prochaine.
Edition spéciale Prix des correspondants de guerre, Bayeux
L’homme n’est ni grand ni fort, pourtant il impressionne. Son regard dur concentre toute l’horreur du monde : Patrick Chauvel a des choses à raconter, même si généralement, il préfère se taire. Et agir. On attendait un visage crispé et imperturbable, celui des interviews et des éprouvantes questions-réponses. Non, ce matin-là, Patrick s’adresse à des jeunes et ça change tout. Pas d’objectif braqué sur lui, le photographe se décontracte. Et raconte sa vie de reporter, à coeur ouvert.
Chauvel est un livre aux mille histoires. La peur, la misère, l’adrénaline, la mort, les mots s’accompagnent toujours d’un souvenir en Tchétchénie, en Afghanistan ou ailleurs. Et pour être plus percutant, il n’hésite pas à y mêler une pointe d’humour : « Quand on part pour une zone de conflit, et qu’il n’y a personne dans l’avion c’est bon signe : ça veut dire que c’est vraiment la merde ! ». Humour noir bien sûr, les lycéens ne s’y trompent pas. Comme dans les vieux contes de l’oncle Tom, le récit n’est jamais gratuit.
Refus de la compromission, prise de risque et peur au ventre, le métier de correspondants de guerre a de quoi marquer un homme. Traumatisé ? Chauvel contourne la question : « Et pourquoi croyez-vous que j’ai acheté ces bottes ? » Il porte ses santiags comme une carapace. « Bien sûr il faut une période de transition. Mais si on croit à ce qu’on fait, il n’y a pas de place pour le traumatisme. L’essentiel est qu’il faut que le travail soit reconnu ». Du Chauvel tout craché, blindé et convainquant. Même si son « Moi ça va ! », peut-être un peu trop sûr, porte les stigmates d’une vie de rapporteur de guerre.
Edition spéciale Prix des correspondants de guerre, Bayeux
Patrick Baz est né au Liban, un pays où les enfants collectionnent les douilles de balles. Il se souvient et s’en amuse aujourd’hui : « j’ai choisi la caméra plutôt que la kalashnikov ». Une phrase forte qui en dit long sur la place du photojournalisme dans les pays arabes. Ainsi s’ouvre le débat.
La force de l’éthique
Précisément, les élèves sont très sensibles à la violence des images de guerre. A la vue du diaporama de Patrick Baz, les visages se crispent et réagissent. Autocensure, respect d’autrui, les jeunes occidentaux brandissent des questions d’éthique. Patrick Baz explique : « Avec l’expérience, vous vous interdisez certains cadrages. Il n’y a pas d’autocensure dans le sens où je montre toujours les choses, mais différemment. Par ailleurs avec l’âge, vous n’avez plus rien à prouver à vous-même. Moi ça me gêne de travailler avec des personnes qui n’ont pas le respect des sujets. Notamment pour les enterrements. Quand on est dix photographes sur l’évènement, on veut toujours prendre une meilleure photo que celle du voisin. Moi, j’ai le sentiment de violer l’intimité de la famille. Dans ces circonstances, une seule photo suffit. »
Photographier la peur au ventre
Le métier de correspondant de guerre impressionne les jeunes adultes. Il faut être courageux, fonceur et téméraire. Prendre des risques en affrontant son pire ennemi, la peur. Comment fait-on ? Entre amour et haine, Patrick en a fait son fidèle compagnon. La peur le ronge avant de partir, le charge d’adrénaline une fois sur place et devient traumatique quand tout est fini. « On ne peut pas ne pas avoir peur. Je suis très effrayé par la foule. Un jour, je me suis fait lyncher. La foule est incontrôlable. » Photographier la peur au ventre, parce que la mort attend à chaque coin de rue. Sur ce point, Patrick reste mesuré : « Moi j’aime la vie et je pense qu’il y a des limites à ce qu’on peut faire. Aucune photo ne vaut une vie. » Pourtant, le reporter n’a jamais voulu arrêter : « c’est l’un des rares métiers au monde que l’on ne peut pas faire si on ne l’aime pas. Rien ne vous oblige à partir là-bas. »
Un métier égoïste
Rien n’oblige un correspondant de guerre à partir mais rien ne le retient. Patrick Baz l’avoue, c’est un métier égoïste. Alors que les jeunes s’inquiète d’une vie de famille, le reporter insiste : « Vous ne pensez qu’à vous, qu’à faire des photos. » Une passion donc, qui se vit envers et contre tout. Surtout pour elle-même. Y a-t-il une logique économique derrière une telle prise de risque ? s’interroge le public. Patrick se fait déconcertant : « au début des années 80, j’étais payé 300 dollars par jour pour une commande. Aujourd’hui c’est différent, la presse ne paye plus. Je suis salarié chez AFP et touche donc la même chose, que je fasse des photos de mode ou sur une zone de conflit. Quoi qu’il en soit, si tu veux gagner de l’argent en faisant de la photo, alors ne fait pas photojournaliste.» No comment.
Photos: Valerio Vincenzo
Publié sur l'Edition spéciale de photojournalisme.fr
Edition spéciale Prix des correspondants de guerre, Bayeux
La guerre est partout. Que ce soit à la télévision, à la radio ou dans les journaux. Tous les jours, ces élèves entendent parler de l’Irak, de l’Afghanistan ou de la Palestine. La guerre est présente au quotidien et pourtant tellement loin. Les jeunes n’y pensent pas. Il y a mieux à faire…
Or cette semaine à Bayeux, il n’y avait pas mieux faire ! Réfléchir à la guerre, celle des autres qui pourrait être un jour la leur. « On se dit toujours que c’est improbable, que la guerre est loin. Pourtant on est tous concerné. En voyant la guerre, je m’interroge sur notre paix. » De toute évidence, le projet Guerre ici de Patrick Chauvel a fait son chemin. Lors de la découverte de l’exposition, beaucoup ont pris conscience de la fragilité des choses. Jusqu’à cette petite voix dont la discrétion cache toute la profondeur d’une indignation : « On est tous là à étudier cette photo comme si on regardait un livre ouvert. Mais à quoi ça sert ? Et après ? Dans une heure on y pensera plus. Parce qu’on aspire tous à une vie tranquille. Ce n’est pas normal qu’on se dise choqué alors qu’après on va voir un film d’horreur comme Saw ! »
Mais si les élèves s’accordent sur la banalisation des images, ils ne sont pas tous prêts à accepter la violence de certaines d’entre-elles. « Je pense qu’il ne faut pas montrer les images de guerre qui sont trop violentes. Il faut être préparé à ça, sinon ça peut même être dangereux. »
Edition spéciale Prix des correspondants de guerre, Bayeux.
Depuis presque dix ans, les lycées Sainte-Marie et Henri Cornat de Caen et Saint Jean Eudes de Vire participent au Prix Bayeux des correspondants de guerre. Cette année, un lycée de Genève les a rejoint. Un autre de Beyrouth, invité, n’a malheureusement pas pu venir.Le principe : les élèves de Première et de Terminale choisissent parmi dix reportages celui à qui ils remettront le Prix des Lycéens lors de la soirée de clôture. En parallèle, les « Classes Prix Bayeux-Calvados » profitent de rencontres avec des reporters de guerre. Le tout sous la gouverne de professeurs formés au CLEMI – Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information – et fervents défenseurs d’une éducation par l’image.
Sensibiliser les élèves à l’actualité internationale, leur faire prendre conscience du travail d’un correspondant de guerre et leur apprendre à décrypter un film. Une tâche ambitieuse mais capitale pour ces jeunes adultes qui ne mesurent pas l’importance du sujet.Le travail commence dès le 28 septembre. Pendant une grosse semaine, les élèves suivent une formation au cours de laquelle ils apprennent à analyser une image filmique. Accompagnés de leurs professeurs et de la documentaliste du CDI, ils visionnent et décrivent les reportages présentés à Bayeux l’an dernier. « L’idée est de les familiariser avec le reportage et de les mettre en situation » explique un professeur. Par la suite, les élèves constituent des groupes et travaillent sur les situations historique et militaire des pays concernés.
A vos marques, prêts, votez !
Ils ont alors toutes les clés en main pour dresser un tableau d’évaluation basé sur des critères simples tels que la force des images, l’émotion ou le message du reporter. Ce lundi 5 octobre, les élèves se sont réunis pour voter, dans le plus grand enthousiasme. Le lendemain, ils ont pu partager leur ressenti autour d’un petit-déjeuner. Un moment de répit avant de se lancer dans une nouvelle mission : faire un article ou un dessin témoignant de leur participation. Et si la guerre reste un sujet douloureux, quelques poètes ont su chatouiller leur muse. Leurs productions sont réunies dans un magazine intitulé « Citoyens du monde », distribué lors de la soirée de clôture.
Depuis deux ans, le Prix Bayeux organise des rencontres entre les reporters et les scolaires. Honneur aux anciens : cette année, les lycées de Caen et de Vire ont eu le privilège de vivre la guerre au plus près, à travers des anecdotes, des témoignages, des regards. Au programme : Patrick Baz, Patrick Chauvel et d’autres. Autant d’expériences et de réponses différentes. Les élèves abreuvent leur curiosité. Parce que si les images laissent voir l’horreur, leurs auteurs savent la faire entendre.
Et ne pas trop vite oublier …
Bayeux est une mise en route, une sorte de déclic indispensable qui s’étend sur l’année entière. Les professeurs poursuivent leur travail pédagogique en mettant en place un dossier d’activités sous forme de synthèses, de photos prises lors du Prix et de commentaires. Le but est de susciter les réactions et de développer l’esprit critique de ces jeunes trop habitués à recevoir l’information de manière passive.
Pour la professeure d’Histoire des classes de Terminale du Lycée Saint Jean Eude, le Prix Bayeux est une aubaine : « le travail est très utile pour l’épreuve mineure du bac, une étude de documents. Je les incite à réexploiter ce qu’ils ont appris en sélectionnant un reportage quand ils sont face à une seule image. » Et il donne des idées : « quand j’ai vu la photo de la place Vendôme dans l’exposition de P. Chauvel, je me suis dit que j’allais l’utiliser pour un cours sur la IIIe République et la Commune de Paris. »De son côté, la professeure d’Anglais entend explorer les images et les textes sur la guerre du Vietnam afin de travailler la notion d’engagement. Comment peut-on s’élever pour ou contre une cause ? Aux élèves de répondre, en images peut être…
dimanche 11 octobre 2009
Biographie: Florent Pagny
Un soir, il rencontre Gérard Louvin, le futur producteur de Sacrée Soirée et Les Années tubes. Les deux hommes passent un pacte : dans quelques années, Louvin produira l’album de Pagny. Mais le jeune homme est vite rattrapé par sa destinée. Alors barman dans une boîte de nuit parisienne branchée, il est repéré par Dominique Besnehar, directeur de casting qui cherche un personnage pour Diva, le prochain film de Jean-Jacques Beineix. Florent se voit déjà dans ce rôle sur mesure, celui d’un petit facteur fou d’opéra. C’est non. Mais le casting le révèle à Marceline Lenoir qui deviendra son agent exclusif. Sept ans plus tard, il rafle trois prix d’interprétation pour La Nuit du coucou de Michel Favard (1987).
lundi 5 octobre 2009
lundi 28 septembre 2009
Polka: "la galerie, c'est le mag qui s'expose"
photo: Abbas
Dès son arrivée dans les anciens locaux, rue Oberkampf, l’ambition de Polka était ailleurs : « On voulait un espace plus central, où les galeries photos drainent les visiteurs. Surtout, on cherchait un espace qui représente la personnalité de Polka », confie Dimitri Beck. D’ailleurs, le vernissage était vécu comme un défi. En ce soir du mercredi 16 septembre, photographes, journalistes, représentants d’agences mais aussi éditeurs et libraires sont venus découvrir le nouvel espace Polka. Le but : réunir ceux qui agissent pour le soutien de la photo et du photojournalisme. Au total, environ 1500 personnes ont répondu présent. Parmi elles, Jack Lang, ancien ministre de la culture, ou Alain Delon… Tous se disent enchantés, même les aficionados de l’ancienne galerie.
photo: Paolo PellegrinCette fois-ci, la galerie Polka raconte aussi une autre histoire : celle de Christian Poveda, également exposé. Une de ses images trône en grand format face à la porte d’entrée. Elle a été généreusement prêtée par son ami Alain Mingam, avec qui il partageait un appartement parisien. Le cliché s’accompagne d’un texte hommage : « Tu aurais du arriver hier. Le verre est vide en t’attendant […] ». Eminemment solennel…
photo: Christian Poveda
Publié sur Photojournalisme.fr
Biographie: Manu Larrouy
vendredi 25 septembre 2009
Biographie: Sammy Decoster
mercredi 23 septembre 2009
Biographie: Kenza Farah
mardi 22 septembre 2009
Hors-champ : le photojournalisme face à son public
Le ramdam de ces derniers mois nous le confirme : le photojournalisme est en crise. Pourtant, cette année encore, Visa pour l’image, festival international de photojournalisme unique en son genre, a attiré de nombreux visiteurs. A l’unanimité, ces personnes viennent pour « voir des images qu’[elles] ne voient pas ailleurs ». Alors justement, comment ce public perçoit-il le photojournalisme ?
Soyons clair, pour la plupart des visiteurs, un photojournaliste est d’abord et principalement un reporter capable de partir loin et d’affronter les pires conditions pour réaliser son sujet. Vous avez l’habitude de photographier les manifs, les rencontres présidentielles ou même la foire aux choux du village ? Sachez qu’une grande partie du public ne se demandera pas si le sens du cadrage est votre métier. Le photojournalisme, c’est avant tout de l’exotisme et du poignant. Et puis après, effectivement, en y réfléchissant…
Problème fondamental : le public a une mauvaise connaissance du photojournalisme, et dans la presse, les images sont perçues comme secondaires. Ce constat, les lecteurs le font eux-mêmes. Entre amertume et résignation, prise de conscience et interrogations, le photojournalisme suscite la polémique.
« Si un magazine propose un reportage fouillé avec plusieurs photos, alors bien sûr je les regarde. Pour moi, les images sont même au cœur du sujet. Par contre, si c’est un article d’actu avec une image de manif par exemple, je ne m’arrête pas dessus ». Quand on sait la place accordée aux reportages dans les magazines, on mesure rapidement l’ampleur du problème. Les images de news ne sont généralement pas regardées et ce, paradoxalement, parce qu’il y en a trop et qu’elles se ressemblent toutes : « On voit beaucoup d’images de guerre et ce sont toujours les mêmes. Je me rends compte qu’il y a des images qu’on ne voit pas ». Trop de news tue le news et surtout, le risque d’une telle banalisation est la perte définitive de la sensibilisation du public.
Car finalement, le public n’est-il pas lui-même victime d’un choix éditorial ? Les lecteurs ont conscience que leur accès à l’image est largement orienté par le magazine. Certains déplorent la faible quantité de photos. Une ou deux images ne suffisent pas pour illustrer un sujet. La dénonciation est virulente : « En faisant cela, on canalise le ressenti. On en a marre de l’assistanat visuel ! » La solution ? « Les journaux devraient profiter d’internet pour mettre en ligne une sorte de porte folio sur les sujets publiés. Ce serait un parfait complément. » Pour d’autres, le fond du problème n’est pas tant la quantité que la qualité. Les magazines négligent le photojournalisme en proposant aux lecteurs des images quelconques, sans aucun souci esthétique ou informatif. Les photographies d’actualité basculent dans de l’illustration basique. Quelques lecteurs sont même choqués par le décalage entre l’image et le texte qui l’accompagne. Alors une question de déontologie émerge : « Est-ce que le mec qui fait les photos est au courant qu’il est utilisé comme ça ? Est-ce qu’il a au moins le droit de choisir sa photo ? Parfois je me le demande… » . Et quand l’image perd de sa signification, elle ne reste plus qu’un objet visuel comme le souligne une autre lectrice : « Il y aura toujours une place pour le photojournalisme parce que tout est visuel dans un journal ou un magazine. Mais il y a moins de place pour leurs œuvres au sens propre du terme ».
Tout est visuel et le photojournalisme se perd dans un tourbillon de couleurs. De rares lecteurs prennent le problème à bras le corps : « On s’attend à ce que les magazines mette les images en valeur mais il y a une concurrence visuelle. Les photos sont rongées par la publicité et une logique marketing ». Prendre conscience de cette réalité est déjà un point de départ, même si la passivité du lecteur reste un inéluctable fléau pour le photojournalisme. Si certains d’entre eux mesurent la place accordée au média, d’autres n’y ont malheureusement jamais réfléchi. Alors pourquoi viennent-ils à Visa ? Pour voir des images qu’on ne voit pas ailleurs et surtout, parce que Visa pour l’image est une exposition. Quand des images de presse sont présentées en grand format avec un editing et un fil narratif, le visiteur se concentre sur le sens et le contexte de chacune d’elles. Surtout, une exposition permet d’humaniser le photojournalisme : « A travers une exposition, on réalise davantage qu’il y a un homme derrière l’objectif et que cette personne était à cet endroit précis. » Cependant, excepté Visa, les expositions de photojournalisme ne les attirent pas particulièrement. Car dans les actes, on constate que le photojournalisme n’est pas encore une priorité. Très peu de lecteurs achèteraient plus chère une revue avec de belles images d’actualité et des sujets de fond : « A partir de 7 euros, une revue est au prix d’un livre. Je préfère mettre l’argent dans une livre, ça n’a pas la même valeur. »
Tout est là. Pour le public, la presse n’a pas la même valeur que l’édition ou qu’une exposition. Pourtant, comme son nom l’indique, le photojournalisme n’est-il pas originellement destiné à avoir sa place dans un journal ? Et si la presse était en train de scier la branche sur laquelle elle est assise…
Photos: Julien Cassagne avec iphone
Publié sur Photojournalisme.fr
lundi 14 septembre 2009
Sur le chemin de Visa: réactions sur le vif...
Quand on a 15 ans et qu’on vient voir des images, lire le projet du photographe ou même les légendes est une futilité. Du moins au début. Car les élèves mesurent rapidement les risques d’une mauvaise interprétation. Comprendre la démarche du photographe est essentiel pour ne pas dire indispensable. Même si finalement, le choix de l’exposition ne relève que de la sensibilité de chacun.
Sans se faire attendre, Eugene Richards suscite des réactions épidermiques. « Ce qui est incroyable dans ces photos, c’est qu’on puisse mourir ou vivre avec une moitié de crâne. Tout ça juste pour sa patrie ». Delphine et Anaïs sont troublées par le sens profond des images et par l’horreur des hommes qui ont fait le sacrifice d’une vie. Ici, l’émotion est à son apogée. Quelques couloirs plus loin, Tristan et Clément sont beaucoup plus terre à terre. Ils se concentrent sur l’exposition hommage à Françoise Demulder et son aspect documentaire. « La photographe a une renommée et ça me touche qu’elle soit morte. Là, il y a des photos de guerre et pour moi, la guerre c’est l’Histoire. »
Entre raison et émotions, les élèves s’approprient lentement le média photojournalistique. Comme chaque année pour Mme Paingault et son collègue, la journée à Visa est forte en émotions. Le travail peut alors commencer. Cette première approche est un éveil à la sensibilité et à la subjectivité, même si, pour notre plus grand plaisir, certaines opinions sont déjà bien assumées : « Obama, C’est bon ! Il est riche, il est heureux… Moi je préfère voir autre chose ! »
Sur le chemin de Visa: découverte du photojournalisme
Déjà, ils réalisent que le photojournalisme est une affaire d’engagement et de convictions. La professeure profite de cette réaction pour poser un sujet de rédaction à faire dans l’année : la liberté de penser est-elle mortelle ?
dimanche 13 septembre 2009
Sur le chemin de Visa: pédagogie et photojournalisme
Pour les élèves du Collège Jean Moulin d’Arles sur Tech, la culture n’est pas une priorité. La majorité n’a jamais mis les pieds dans une exposition et l’actualité en général se résume aux résultats de l’Union Sportive Athlétique Perpignanaise – USAP. Selon Mme Paingault, ce qu’on peut pardonner à de jeunes ados est inacceptable pour de futurs citoyens. Ayant suivi une formation au CLEMI (Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information), cette professeure de français accorde une grande importance aux enjeux d’une image de presse.
Depuis plusieurs années, accompagnée de Mr Gorée, professeur d’Histoire, elle emmène ses classes de 3e à Visa pour l’image, point de départ d’une véritable démarche pédagogique. Ne bénéficiant d’aucun budget de l’Etat, les deux professeurs usent de leur enthousiasme pour mobiliser une participation du collège. L’établissement finance le transport en cars jusqu’au site. Pour le reste, les enseignants doivent compter sur leur énergie.
Ils travaillent en binôme dans un seul but : développer l’esprit critique de ces jeunes. Entre lecture d’images et interrogation sur l’actualité internationale, le photojournalisme devient un nouveau moteur d’éducation.
Un projet pédagogique en béton
Mais surtout, le photojournalisme est une ouverture sur le monde. Bien souvent, Visa pour l’image constitue un déclic pour les élèves qui se voient confrontés à une série d’images qu’ils n’ont pas l’habitude de voir. La surprise laisse place à la curiosité qui suscite l’intérêt. Ainsi peu à peu, ces jeunes sortent de leur microcosme et développent un nouveau rapport à l’actualité.
caméra / montage: Alain Lebacquer
Photos: Julien Cassagne avec iphone
Publié sur L'édition spéciale Visa pour l'image de Photojournalisme.fr